Les autotests du VIH disponibles en Belgique
Posted by: PFPS webmaster , novembre 23, 2016
23 novembre 2016 : premier autotest de dépistage du VIH disponible en pharmacie
Communiqué de presse de la Plate Forme Prévention Sida
Le premier autotest de dépistage du VIH est désormais disponible en pharmacie en Belgique sans prescription médicale. Une bonne nouvelle car cet autotest constitue
un outil supplémentaire pour la stratégie de dépistage précoce du VIH, enjeu majeur dans la lutte contre le SIDA.
La mise à disposition dans les pharmacies d’autotests dont la qualité est certifiée par le label CE constitue un outil de dépistage complémentaire qui renforce l’accès au dépistage, notamment pour les publics les plus exposés. Ces autotests sont en vente libre dans les pharmacies et accessibles à tous. Un pas important dans la lutte contre le VIH/SIDA car, il existe de trop nombreux freins aux offres de dépistage existantes.
Citons par exemple, au niveau des individus, le manque de perception du risque, l’anticipation de la stigmatisation, la peur de la maladie et/ou de la mort, la crainte de ne pas pouvoir gérer les conséquences d’une infection sur la vie quotidienne, la méfiance à l’égard du respect de la confidentialité du personnel soignant. De plus, il existe aussi un manque d’accès au niveau géographique et des horaires des services de dépistages traditionnels. Les centres de dépistages anonymes et gratuits sont aussi trop peu nombreux en Belgique. C’est aussi le cas des dispositifs de dépistage rapide VIH décentralisé et démédicalisé. Le manque de formation des intervenants médicaux généralistes (médecins, gynécologues, ….) engendrent aussi souvent des opportunités manquées au niveau du dépistage.
En France, où l’autotest est en vente libre depuis septembre 2015, une étude [1] révèle que 40% des personnes ayant effectué un autotest déclarent qu’il s’agit de leur premier dépistage. Parmi ces primo-testeurs, 55% ne seraient pas pas allés en centre de dépistage si l’autotest n’était pas disponible en pharmacie. Et pour les 60% ayant déjà effectué un test de dépistage auparavant, ce dépistage remonte en moyenne à trois ans et demi.
Conçus pour être utilisés à domicile, les autotests permettent d’obtenir un résultat fiable en 15 minutes. Il faut toutefois bien préciser qu’ un résultat non réactif à un autotest n’est valable que si aucune prise de risque n’a eu lieu dans les trois mois précédent le test. Et en cas de résultat réactif à un autotest, la personne doit impérativement réaliser un dépistage traditionnel pour confirmer le résultalt. Il est alors essentiel qu’elle puisse bénéficier d’une prise en charge médicale et de tout l’accompagnement requis pour assumer sa séropositivité le plus sereinement possible.
Un autotest assorti d’une explication très complète…
…mais trop cher !
Si la vente libre de l’autotest en Belgique est une bonne chose, on peut regretter que son prix élevé (28 à 30 euros) ne limite sérieusement sa diffusion. Il serait stratégiquement plus efficace en termes de santé publique d’opter pour un coût permettant un véritable accès pour tous à l’autotest. Dès lors, la Plate-Forme Prévention Sida et ses partenaires demandent à la Ministre en charge de la Santé de fournir des autotests de dépistage aux associations actives dans la lutte contre le VIH/SIDA afin que celles-ci puissent en donner gratuitement aux plus vulnérables.
Un pas vers la réduction des dépistages tardifs.
Ce premier autotest est d’autant plus précieux qu’en facilitant l’accès au dépistage, il devrait réduire le nombre de dépistages tardifs et augmenter celui des dépistages précoces.
Le taux de dépistages tardifs par rapport à l’ensemble des dépistages VIH reste en effet élevé : en 2014, il était de 40%, voire même de plus de 50% en cas de contamination par rapports hétérosexuels. Or les personnes qui ignorent leur séropositivité et ne sont donc pas sous traitement ont souvent une charge virale élevée. Elles sont dès lors très contaminantes. C’est pourquoi il est essentiel de réduire le nombre de dépistages tardifs.
Le dépistage précoce est un élément décisif de la stratégie de prévention du VIH. Associé à une mise sous traitement rapide en cas de diagnostic positif, il permet de réduire à néant le risque de transmission du virus et, et par ailleurs, améliore considérablement la santé et la qualité de vie de la personne séropositive. Bien entendu, le préservatif reste toujours un moyen de protection important contre le risque de transmission du VIH et des autres IST.
Chacun reste libre de choisir son mode de dépistage.
Il reste toujours possible de s’adresser, comme la majorité de la population, à son médecin ou de se rendre dans un centre de soins (clinique, hôpital, maison médical…), dans un centre de planning familial ou plus particulièrement dans un des trop peu nombreux centres de dépistage anonyme et gratuit. On y effectuera un test de la 4ème génération, à partir d’une prise de sang. Des dépistages anonymes et gratuits sont proposés en certains lieux, sous certaines conditions. Le site internet www.preventionist.org propose un moteur de recherche pour trouver un endroit proche de chez soi.
Il existe aussi des tests rapides ‘TROD’ réalisés à partir d’une goutte de sang ou d’un peu de salive dans un établissement de santé ou une association proche de la communauté du patient. Ces tests doivent ensuite être confirmés par un test en laboratoire en cas de résultat réactif.
Toute information concernant les adresses et possibilités de dépistage et de prise en charge peut être obtenue auprès de la Plate-Forme Prévention Sida. (www.preventionsida.org).
Une politique nationale de dépistage du VIH et des IST plus que jamais indispensable
La Plate-Forme Prévention Sida et ses partenaires
actifs dans la lutte contre le VIH et les IST approuvent bien sûr l’arrivée des autotests sur le
marché belge. Mais la mise à disposition de ce nouvel outil ne change rien aux demandes qu’ils adressent aux autorités responsables. A savoir,
notamment :
- la mise en place d’une politique nationale de dépistage du VIH et des IST ;
- le renforcement de l’accès au dépistage anonyme
et gratuit, qui n’est actuellement possible que dans quelques rares centres reconnus par l’INAMI, et
sous certaines conditions ;
- l’autorisation (nécessitant un changement de la
législation) du dépistage démédicalisé et décentralisé, notamment dans les associations de terrain et
dans l’environnement proche des groupes à risque.